Les bacchantes (2004)

Genre : Tragédie antique

Auteur : Euripide

Dates et horaires : Samedi 19 juin, dimanche 20 juin, mardi 22 juin à 21h45

Lieu : Grand théâtre romain

Traduction : Maria Grazia Ciani

Adaptation : Maria Grazia Ciani

Rédaction des surtitres : Spectacle en italien, surtitré en français

Traduction des surtitres : Ubavka Zaric

Production : Piccolo Teatro di Milano En collaboration avec L’Instituto nazionale del dramma antico, Les Nuits de Fourvière, Département du Rhône et avec le soutien de Culture 2000/Union Européenne

Institution ou compagnie : Piccolo Teatro di Milano

Mise en scène : Luca Ronconi

Décors : Margherita Palli

Costumes : Gianluca Sbicca, Simone Valsecchi

Lumières : Gerardo Modica

Avec : Massimo Popolizio : Dionysos Antonio Zanoletti : Tirésias Warner Bentivegna : Cadmos Giovanni Crippa : Penthée Riccardo Bini : Un serviteur Luciano Roman : Premier messager Emanuele Vezzoli : Second messager Delia Boccardo : Agavé Alvia Reale : Le Coryphée et Antonietta Carbonetti, Elisabetta Femiano, Franca Penone, Tea Sammarti, Maria Angeles Torres : Les Bacchantes et Domenico Bravo, Francesco Colella, Pasquale Di Filippo, Raffaele Esposito, Stefano Moretti, Michele Nani, Simone Toni : Les Thébains et Amanda Baqué, Agnès Busquets, Mahaut d’Arthuys, Berta Errando, AnneGirouard, Monica Marcos, Cécile Marroco, Txu Morillas, Marta Paytubi, Anna Ponces, Laia Ricart, Anne-Valérie Soler, Lolita Tergemina,Alice Bachi, Valentina Bartolo,Federica Castellini, Maria Maddalena Gessi, Silvia Grande, Silvia Masotti, Ilinia Porcarelli, Caterina Simonelli, Rosanna Sparapano,Giulia Valenti, Camilla Zorzi : Le chœur et Gabriele Ciavarra, Mirko Ciotta,Giorgio Consoli,Jacopo Veronese. - Les soldats

Commentaires : Avec la participation artistique de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre/Lyon, l’Institut del Teatre-Escola Superior d’Art Dramatic/Barcelona et d’Elsinor/Barcelona

Après Prométhée enchaîné, voici le Piccolo Teatro de Milan de retour aux Nuits de Fourvière avec le deuxième volet de sa trilogie grecque, Les Bacchantes d’Euripide, la plus mystérieuse des pièces antiques. Dans son exploration des rapports entre le divin et l’humain, Luca Ronconi met en scène l’unique œuvre dont un dieu est le personnage principal. Divinité du vin et des festivités théâtrales, Dionysos est aussi un être humain et Luca Ronconi souligne cette ambiguïté fondamentale. Furieux contre Penthée, roi de Thèbes, qui refuse de reconnaître sa nature divine, Dionysos se présente devant lui sous les traits de son propre prêtre. Penthée commence par le jeter en prison, mais Dionysos finit par le séduire et le convaincre de passer les vêtements de sa mère pour aller dans la montagne épier secrètement les transports des Bacchantes. Pour la première fois dans la tragédie grecque, le dénouement ne vient pas du ciel : pivot et moteur du drame, Dionysos s’en charge. Son interprète, Massimo Popolizio, excelle dans l’oscillation entre la cruauté et la séduction, entre le masculin et le féminin, entre la force et la subtilité, entre la violence et la douceur. La vengeance du dieu est cruelle, atroce même. Et tout comme les murs du palais de Penthée qui s’écartent et s’écroulent, c’est la cité, elle-même, qui se désagrège.

Les Bacchantes selon Luca Ronconi est la confrontation physique d’univers tragiquement incompatibles. C’est un corps-à-corps verbal et en même temps charnel, le jeu passionnant du chat-Dionysos avec la souris-Penthée. Sans donner de réponse, sans porter de jugement, Luca Ronconi met en valeur la richesse de ce texte complexe et décrit le processus plutôt que le résultat. La rencontre entre Dionysos et Penthée n’est pas uniquement la confrontation entre l’humain et le divin, la raison et la folie, entre la laïcité et la religion. C’est surtout une ingénieuse mise à jour de la machine subtile que Dionysos met en branle pour faire tomber petit à petit toutes les défenses de Penthée, déstructurer sa personnalité et introduire le doute au cœur même de la cité. Et que dire d’Agavé - cette mère coupable d’avoir douté ou de ne pas avoir crû - et punie de la façon la plus insoutenable ? Et de son retour douloureux à la raison ? Bien plus qu’une « querelle » entre les dieux et les hommes, Euripide, à la fin de sa vie, décrit dans Les Bacchantes le déclin du modèle de la cité antique, la désintégration des structures sociales, et pose la question des femmes et des étrangers..., thèmes singulièrement modernes. Luca Ronconi, lui, se contente d’ouvrir tout grand les champs de la réflexion et laisse au spectateur le soin de trouver ses réponses.

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Les Bacchantes © Jean-Jacques Guttin (2004)