Genre :
Comédie en trois actes
Auteur :
Molière
Dates et horaires :
Vendredi 20, samedi 21, dimanche 22 et lundi 23 juin 1952
à 22h
Lieu :
Grand théâtre romain de Fourvière
Mise en scène :
Charles Gantillon
Assistants à la mise en scène :
Jacques Barral et Jean Goine
Chorégraphie :
Serge Lifar
Assistant à la chorégraphie :
Françoise Adret
Décors :
Arrangement décoratif de Georges Wakhévitch,
Régisseur général :
Joseph Demeure
Costumes :
Georges Wakhévitch
Réalisation des costumes :
Les costumes des personnages ont été exécutés par
la Maison Karinska, 32, rue Washington, Paris.
Les costumes de la figuration ont été exécutés par
la Maison Gromtseff, 2, rue Antoine Roucher, Paris.
Les maillots du Corps de ballet sont fournis par
la Maison Petit, 17, rue René Leynaud, Lyon.
Perruques :
Maison Colin
Lumières :
Arrangements lumineux réalisés sous la direction de
Marcel Pabiou, ingénieur de la Ville
Chef électricien :
Jean Boyer
Effets spéciaux :
Installation des grandes eaux réalisée sous la direction de M. Philippe, ingénieur
Musique de scène :
Rémo Bruni
Direction musicale :
Rémo Bruni
Avec par ordre alphabétique :
Denise Clair, ex-pensionnaire de la Comédie-Française : Cléanthis
Jean Desailly, de la Compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault : Jupiter
Clarisse Deudon, de la Comédie Française : La Nuit
Jean-Pierre Granval, de la Comédie Française : Sosie
Serge Reggiani : Mercure
William Sabatier, de la Compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault : Amphitryon
Simone Valère, de la Compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault : Alcmène
Jean Amadou : Posiclès
Serge-Henri Dumesne : Polidas
Jean Juillard, de la Compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault : Argatiphontidas
Christian Marin : Naucratès
Charles Gantillon engage pour son spectacle des Comédiens Français et des membres de la compagnie Renaud-Barrault. Jean-Louis Barrault avait monté Amphitryon en 1947 avec Jean Desailly dans Amphitryon, Simone Valère dans Cléanthis, Jean-Louis Barrault dans Mercure... et le décor était de Christian Bérard.
Programme ou affiche :
Jacques Ravel
Commentaires :
À l’occasion de la représentation, installation d’un bassin artificiel au bas de la scène.
Très beau temps - Gros succès.
Pour la première fois, les brèches du 1er moenianum sont complétées en gradins par la Maison Mollo (environ 800 places).
Échafaudages en tubes et gradins Charbonnières à l’emplacement du 3e moenianum, au-dessous de la voie romaine (environ 1000 places).
Au total environ 4000 places.
Dans France Illustration du 5 juillet 1952, une photo non signée de Desailly-Jupiter et Valère-Alcmène devant le plan d’eau.
« Charles Gantillon, qui fut pendant de longues années le directeur du théâtre des Célestins, travailla beaucoup au théâtre romain de Fourvière. Il me demanda la décoration dAmphitryon de Molière. Cette pièce conçue pour une scène à l’italienne présentait énormément de difficulté pour en faire une création en plein air. Il fallait donc un élément décoratif simple et cependant efficace. J’ai cru bon, et je ne me suis pas trompé, de faire se refléter les personnages dans un miroir. Pour arriver à ce résultat, j’ai fait construire tout le long de la scène un bassin peu profond en tôle. Rempli d’eau noire, ce bassin devenait un grand miroir dans lequel se dédoublaient Amphitryon, Sosie et tous les personnages merveilleux de cette pièce nourrie de quiproquos et de méprises que seul le génie de Molière pouvait concevoir. »
Georges Wakhévitch, L’envers des décors
Editions Robert Laffont, Paris 1977
Extraits critiques :
« La nuit était douce, parfumée, traversée par moments d’un souffle frais. De toutes parts les spectateurs escaladaient allégrement les gradins du théâtre romain. A 22 heures, il ne restait plus une place libre, et la féerie commença. M. Charles Gantillon, le metteur en scène n’est pas un novice du spectacle en plein air. Il joue des éclairages avec une virtuosité sans défaillance. Ses projecteurs fendent la nuit comme la foudre jovienne, pour saisir et illuminer un seul personnage ou balayer victorieusement toute la scène. Mais que viens-je parler de scène ? Il s’agit ici de la combinaison d’un théâtre et d’un parc à quoi Gantillon a joint un miroir d’eau d’où il tire un double effet : bouffon pour les turlupinades de Sosie, poétique lorsqu’Amphitryon, pris de crainte, y regarde un visage qu’il s’attend à ne plus reconnaître.
La querelle d’Amphitryon n’est pas close. La pièce fut écrite en quelques jours, sur l’ordre de Louis XIV. Molière avait le devoir de plaire et les moyens d’éblouir en usant de toutes les ingéniosités de la machinerie. Oublions le mythe, qui n’a pas fini de servir, et bornons-nous à juger le spectacle. Eh bien, je le déclare avec plaisir : Gantillon, soutenu dans son effort par M. Georges Bassinet, administrateur général de Charbonnières, a réussi dans son entreprise. Il a eu de nombreuses trouvailles : les ballets du début sur fond de verdure, le char de la nuit, les eaux jaillissantes, toutes diamantées par l’éclairage des projecteurs, les vaisseaux d’Amphitryon avançant derrière les colonnes antiques, les hoplites, les rameurs des trirèmes les buissons de bougies aux mains de valets Louis XIV. Ajoutez à cela les costumes de Georges Wakhévitch, la chorégraphie de Serge Lifar. Un spectacle royal, en vérité.
Jean Desailly et Simone Valère forment un couple Jupiter-Alcmène des plus harmonieux. Monsieur William Sabatier, en Amphitryon, donne à ces deux protagonistes une réplique plus qu’honorable. Bravo à Jean-Pierre Granval, Sosie bondissant dans la tradition de Scapin ! Serge Reggiani, Denise Clair et Clarisse Deudon complètent une distribution homogène. »
Yves Gandon, France-Illustration, n° 351, 5 juillet 1952.